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Gilets jaunes : symptômes d’une maladie toujours présente

Les rancœurs longtemps accumulées qui surgissent aujourd’hui au grand jour ne sont pas issues d’un mécontentement récent. Les dernières décennies, et par conséquent nos différents gouvernants de cette époque qu’ils en aient été conscients ou pas, sont clairement à l’origine de cette colère accumulée.

Ceci rend la frustration encore plus grande quand, et à condition de prendre le temps et la peine en dehors de toute idéologie d’observer la tendance des 18 premiers mois du quinquennat, la direction prise répond en partie aux diverses revendications des GJ. Est-ce suffisant ? Bien sûr que non. Est-ce perceptible ? peut-être pas. Est-ce problématique ? Oui bien entendu.

En médecine, (attention, je m’excuse par avance, je ne suis pas médecin) on pourrait assimiler l’émergence des GJ à la montée du mercure contenu dans un thermomètre mesurant l’état de notre société malade. Cela fait longtemps que la température a dépassé la limite admissible mais, comme si on ne s’en souciait guère en se disant « oh ça va passer » tout en prenant quelques anti douleurs et anesthésiants, on n’a pas vraiment pris le pouls du problème. Le traitement adéquat administré par les 18 premiers mois du quinquennat n’a pas encore permis d’atténuer vraiment cette maladie, et, comme si cette maladie avait aujourd’hui assez duré (pourquoi aujourd’hui, personne ne le sait (?), mais il fallait bien un jour que cela arrive), on s’en prend au médecin fraichement arrivé en le traitant de charlatan, en faisant preuve d’amnésie complète par rapport aux médecins des décennies précédentes désormais « partis en retraite ».

Mais…

Pour autant, la fièvre et la maladie ont-elles disparues ? non bien sûr.

La durée prévisible du traitement adéquat est-elle compatible avec l’attente déjà longue vécue par notre patient ? Non bien sûr.

La tentation de prendre un traitement « miracle » présenté comme tel par des pseudo-médecins, traitement soi-disant plus rapide mais aussi potentiellement plus dangereux voire mortel, cette tentation est-elle grande ? Oui bien sûr.

Et pour ceux qui seraient tentés de casser le thermomètre, « solution » déjà testée par le passé, est-il nécessaire de rappeler que cela ne guérit de rien et ne fait qu’augmenter la rancœur du patient contre ceux qui le préconisent.

Alors oui, la frustration est immense lorsqu’enfin un vrai et bon médecin établit le bon diagnostic et qu’il commence à prescrire le bon traitement dont il sait pertinemment qu’il n’agira pas immédiatement, que certains symptômes perdureront pendant quelques années encore, car il sait qu’on ne guérit pas une maladie et une fièvre de 40 années en quelques mois.

Alors, me direz-vous, si le bon traitement est là, pourquoi le patient le rejette-t-il à ce point ? Est-il devenu à ce point idiot ? Non bien sûr. On peut simplement admettre qu’après tant d’années, le patient s’est quelque part « habitué » à cette maladie, qu’il n’en perçoit même plus très bien ses origines, voire même ses conséquences, qu’il s’accommode même de certains des effets secondaires des multiples traitements successifs, qu’il est peut-être même accro à certains remèdes prescrits qui ne le guérissent pas mais le soulagent en apparence, et qu’en définitive, il est désormais plus que sceptique sur un nouveau remède surtout s’il est désormais entouré d’une multitude de « guérisseurs » en tout genre qui l’affolent par leur cacophonie et lui font perdre tout simplement le bon sens.

Afin qu’il soit convaincu, le patient a donc besoin de sérénité, d’apaisement, d’explications objectives, de dialogue, de considération, de réponses à ses interrogations légitimes, rationnelles ou non, d’écoute, de compassion, de preuves, mais surtout et avant tout de sentir à ses côtés son médecin ou ses représentants et cela au quotidien. Il veut pouvoir échanger en permanence afin d’être en permanence rassuré.

Un bon médecin n’est pas forcément un médecin brillant, tant mieux s’il l’est. Un bon médecin est celui qui après avoir réalisé le bon diagnostic, l’explique à son patient en lui tenant le langage de vérité, s’assure qu’il l’a bien compris, lui prescrit le bon traitement en suivant la même démarche d’explication et de compréhension, valide son accord, lui administre le traitement en s’assurant chaque jour ou très régulièrement que le patient est toujours d’accord, suit son évolution, s’assure d’une évolution positive et le cas échéant corrige son traitement en répétant les étapes de dialogue du début, corrige les éventuels effets secondaires, se préoccupe de l’environnement dans lequel est placé le patient et l’améliore autant que de besoin avec l’accord du patient, présente régulièrement au patient l’évolution de la maladie de façon complète, honnête et transparente, s’assure encore à nouveau de la compréhension du patient, valide encore et à nouveau l’accord du patient, et ceci aussi longtemps que le mal n’est pas guéri, et répète aussi souvent que nécessaire l’ensemble de ces étapes sans jamais céder aux dérives des habitudes prises ni aux invectives des « guérisseurs » malheureusement toujours présents tant que le patient n’a pas décidé de s’en passer définitivement.

Alors on fait preuve de bon sens et on prend rendez-vous chez le (bon) médecin ?

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