En Marche, le Retour ?

En avril 2016, Emmanuel Macron a initié un mouvement de fond. La Grande Marche a vu des milliers de marcheuses et marcheurs s’investir dans ce mouvement. En Marche a conquis plus de 400 000 citoyens qui ont permis l’élection de notre Président et la mise en place des politiques appelées de leurs voeux. Cette lame de fond a été rendue possible grâce à l’adhésion à de nouvelles valeurs et vision développées par Emmanuel Macron, illustrées dans son livre « Révolution » qui reste toujours pour de nombreux marcheuses et marcheurs leur livre de référence.
Plus de trois ans après, et à la veille des échéances municipales, le mouvement originel traverse « quelques » turbulences, pour ne pas parler de « crise ». Questionnement sur les décisions de la CNI, dissidence de candidats, désertion de certains marcheur(se)s, malaise dans certains comités, démissions de référent(e)s… S’il ne s’agit pas de généraliser, le nier serait, si ce n’est suicidaire, tout au moins irresponsable.
Mais pourquoi en est-on arrivé là ?
De nombreux marcheuses et marcheurs sont pour la plupart des citoyens qui n’ont pas été encartés dans d’autres partis, ou pour ceux qu’ils l’ont été, ils n’y ont pas eu de responsabilités politiques. D’autres, en grande majorité (ex-)socialistes mais pas uniquement, ont trouvé dans ce mouvement un nouvel espace d’expression correspondant mieux à ce que leur parti alors en pleine déliquescence pouvait leur apporter.
Toutes ces personnes venant d’horizon différents se sont retrouvés dans l’ADN d’En Marche et dans ses valeurs, entre autres la bienveillance, l’écoute, l’ouverture, le partage, le dialogue.
Dans ce contexte euphorique et disons-le assez naïf, il ne pouvait donc y avoir de problèmes majeurs, c’est en tout cas dans cette ambiance que se sont développés les comités locaux, les équipes départementales, les COPOL, etc. Et que se sont mises en places les instances dirigeantes du mouvement.
Deux problèmes sont apparus rapidement.
Tout d’abord, certain(e)s ont essayé de reproduire, volontairement ou involontairement, ce qu’ils ont vécu ailleurs en terme d’organisation. Et ceci s’est fait à à tous les niveaux.
Un exemple (il y en a d’autres) qui peut paraître anecdotique est le débat au sujet de la cotisation payante ou non. En Marche s’est créé autour de cette idée que chacune, chacun était le bienvenu(e) y compris avec une double appartenance à un autre parti politique, et sans LA « petite carte » payante d’un parti. Cela fait a priori partie de l’ADN d’En Marche, et pourtant le débat entre les pour et les contre n’a jamais vraiment cessé. Les « pour » provenant majoritairement de personnes issues d’autres partis où cette cotisation était une évidence, les contre tout naturellement étant pour la plupart des personnes pour qui En Marche était le premier mouvement politique auquel ils adhéraient et qui ne souhaitaient pas reproduire ce qui se faisait ailleurs.
Pourtant chacun(e) sait ou devrait savoir que reproduire sans cesse les mêmes « recettes » ne peut conduire à d’autres résultats que ceux déjà connus, avec … bien souvent l’échec en bout de course.
En second lieu, c’était sans compter également avec les intérêts personnels de certain(e)s qui, adhérents de la première heure …ou de la seconde…, avaient su monter dans le train En Marche avec un objectif personnel bien précis. Cela est déjà parfois apparu lors des Législatives mais dans l’euphorie ambiante, et la proximité de l’élection présidentielle, cela n’a pas été perceptible. Par la suite, la mise à l’écart de marcheurs par certains député(e)s, la « tiédeur » dont ils ont parfois fait preuve vis à vis de « l’étiquette » ou du mouvement En Marche qui les a pourtant fait élire, ont entraîné des rancoeurs, des défections, des tensions, voire carrément des oppositions internes. Mais c’est à l’approche des Municipales, que ces tensions sont apparues, ici et là, en plein jour médiatique. Et là où elles se sont cristallisées, les marcheuses et marcheurs de la première heure et/ou sincères dans leur démarche ont cru dans un premier temps pouvoir compter sur l’appui de leur mouvement ou plutôt de la tête du mouvement. Le désenchantement a été à la hauteur des espérances qu’ils avait mis dans le « nouveau monde » politique promis. Peu à peu, ces tensions loin finalement de s’apaiser, sont ainsi allées crescendo pour aboutir donc parfois jusqu’à l’implosion locale du mouvement (en cours ou à venir).
Alors à quoi doit-on s’attendre dans les mois qui viennent et au-delà des élections municipales ?
D’ici les élections municipales, celui ou celle qui prévoirait un apaisement passerait, à juste titre, pour un utopiste naïf. Les rafistolages provisoires auront du mal à cacher véritablement le mal.
Alors au-delà ? (et en pariant sur la résilience du mouvement ce qui n’est pas gagné d’avance)
Il est fort à parier que, quand bien même les tensions s’apaiseraient, ce qui est tout de même probable, le mouvement dans son état actuel restera marqué pour très longtemps par ces secousses. Les masques tombés, certain(e)s marcheuses et marcheurs auront bien du mal à travailler avec celles et ceux qui les ont quelque part exclus de fait, voire humiliés.
Pourtant, on ne peut pas dire que rien n’est fait pour tenir compte des aspirations de la base du mouvement. La prochaine réforme des statuts essaie de corriger certaines dérives passées (trop de verticalité, pas assez de retour vers la base, pas assez de démocratie dans l’organisation locale et nationale, pas assez de moyens au niveau local). Mais n’est-ce pas trop tard ? Il faudra en tout cas de réels changements de méthode et d’organisation, un retour à la sincérité, à l’émergence de nouveaux talents par le seul mérite, pour redonner confiance aux marcheuses et marcheurs.
Le rassemblement, s’il est possible et s’il doit se réaliser, passera à mon sens par la reprise en main du mouvement par celui qui l’a initié, le candidat et actuel Président, Emmanuel Macron. Cette reprise en main, ou plutôt serait-il plus judicieux de parler de remise sur les rails, se fera assurément directement ou indirectement par le Président s’il veut briguer un deuxième mandat.
Et il le faut !
La remise en état initiée du pays, les transformations profondes de notre société déjà entamées et à venir, le retour de la confiance des Français dans leur pays (au-delà même des politiques), le retour de la France dans le concert des nations, et surtout l’accompagnement raisonné des changements de paradigmes de notre monde, je pense notamment aux transitions écologique et numérique, tout cela le nécessite. Chacune, chacun doit absolument y travailler, à tous les niveaux.
Je veux y croire et je serai, comme d’autres je le sais assurément, présent plus que jamais pour le soutenir dans cette voie.
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